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Benbrahim El Andaloussi : Développement et nouvelles orientations de l'industrie aéronautique au Maroc


Par Entretien MAP, le 7 Février 2023


​Le président du MIDPARC et de l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA), Hamid Benbrahim El Andaloussi, a accordé un entretien à l'agence MAP dans lequel il revient notamment sur les perspectives de la "phase II" du développement de l'aéronautique et des nouvelles orientations de cette industrie.


Mr Hamid Benbrahim-El Andaloussi a entamé sa carrière à Royal Air Maroc en 1969 en tant que responsable du département exploitation. Il a ensuite occupé le poste de délégué général France avant d'être rappelé au siège, à Casablanca, pour se voir confier le poste de directeur commercial de 1982 à 1992, avant d'être chargé de la direction centrale planification et systèmes d'information.
Il a ensuite été nommé directeur de la stratégie, des participations et de l'international jusqu'en septembre 2003 date à laquelle il a été promu, directeur général adjoint chargé des affaires commerciales. Il a été président de MATIS Aérospace, filiale créée par la RAM en partenariat avec Boeing et Labinal. Il a été président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS). il est actuellement le président du MIDPARC et de l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA).

En 2004, S.M le Roi lui a décerné, quand il était au poste de directeur général adjoint commercial à Royal Air Maroc (RAM), l'insigne du Wissam Al Arch de l'ordre d'officier, à la suite d'une carrière de 35 ans au service de la compagnie nationale. En 2010, SM le roi l'a décoré du ouissam du mérite national de l'ordre de Commandeur.

Quel bilan faites-vous de l’écosystème aéronautique national pour l'année 2022 ?

L'année 2022 s'est terminée par une progression de l'ordre de 50%, cela veut dire que nous avons absorbé l'effet négatif de la crise sanitaire. Nous avons également atteint des chiffres historiques par rapport à l'année de référence 2019.
Concrètement, l'industrie aéronautique nationale réalise aujourd'hui 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires  à l'export et pourvoit plus de 20.000 emplois après avoir récupéré, voire dépassé, l'intégralité des 1.200 postes perdus entre 2020 et 2022 pendant la crise sanitaire.
Le taux d'insertion des femmes avoisine actuellement les 40%, qui est l'objectif de l'économie nationale pour 2035, faisant de l'écosystème aéronautique national un acteur pionnier en matière d'inclusion féminine.
 

Le Maroc devient un pourvoyeur de ressources humaines dans les métiers de l'aéronautique, notamment à travers l'IMA. Sommes-nous aujourd'hui alignés aux standards internationaux et quelle place occupe la formation dans la politique d’attractivité du Maroc ?

Il est clair que si nous avons réussi à nous développer dans le domaine de l'aéronautique c’est parce que nous avions été capable de répondre aux besoins des souscripteurs en termes de talents.
Lorsque les industriels étrangers veulent s'installer au Maroc, ils apportent la technologie, l’innovation et les marchés. En contrepartie, ils recherchent la possibilité de s’implanter rapidement et dans les meilleures conditions et un capital humain qualifié.
Ce sont les principales conditions qu’ils exigent pour établir au Maroc une partie de leurs activités. Nous avons été capable de répondre à ces besoins et d'apporter des solutions avec la plateforme de Nouaceur via la zone franche aéronautique MIDPARC et l’IMA.

L'IMA est un modèle de partenariat innovant entre l'Etat et les industriels, conçu et piloté par les membres du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS). La formation y est organisée selon les spécifications données par les industriels.

La qualité et le niveau de formation dans le domaine de production et fabrication aéronautique répond aux normes les plus exigeantes au niveau mondial. L'IMA accompagne les industriels et répond à leurs besoins dans le cadre d'une formation par alternance à l'Institut et dans les usines.

Ce modèle nous a permis de développer l'industrie aéronautique au point qu'aujourd'hui tout industriel en prospection au Maroc s'intéresse à l'IMA, qui devient pour nous un excellent moyen d'attirer des investisseurs.

​Quels sont, selon vous, les principaux facteurs de compétitivité de la plateforme aéronautique nationale?

Le premier facteur d'attractivité, ce sont nos ressources humaines de techniciens et d’ingénieurs. Le Maroc est un véritable vivier de talents à l’heure où l’on constate une forte tension au Etats-Unis, en Europe et au Moyen-Orient.

Le capital humain est une des richesses de notre pays qui est aujourd’hui capable de répondre aux besoins des industriels sur ce volet.

La position géographique du Maroc, qui en fait la double porte de l’Afrique et de l’Europe, est aussi un atout essentiel. Le Royaume est actuellement la base la plus attractive aux portes de l’Europe et le premier pôle aéronautique africain.

Avec sa plateforme qui comprend 142 sociétés dans différents domaines d’activités comme la production, la recherche et développement et la maintenance, le Maroc se place désormais comme une des bases mondiales les plus attractives et à haute valeur ajoutée.

Il y a un réel engouement pour la plateforme aéronautique marocaine de la part des investisseurs étrangers. Nous nous attendons, en 2023 et 2024, à une accélération de l’activité avec l’implantation de nouveaux acteurs sur de nouveaux secteurs importants comme l’entretien, la modification et la transformation des avions.

La montée en gamme et compétence et la qualité de l’industrie aéronautique marocaine nous permet également d’accueillir de nouvelles activités dans la défense, la sécurité et la recherche technologique.

Et puis surtout, l’aéronautique est un secteur qui connaît une rupture technologique pour répondre aux exigences écologiques et à la réduction de l’empreinte carbone. Nous nous engageons actuellement dans cette nouvelle phase de transformation du secteur aéronautique.
 

Memebres du GIMAS
Memebres du GIMAS
Quelle est la part d'intégration locale dans la chaîne de valeur de notre industrie aéronautique ? Que pensez-vous de la création d’un tissu de fournisseurs locaux au service des donneurs d’ordres opérant au Maroc?

Le taux d'intégration actuel de l'industrie est de l'ordre de 40%, ce qui en fait un coefficient très respectable et relativement élevé.

Nous œuvrons aujourd'hui conjointement avec les acteurs de référence locaux comme Safran, Spirit et Stelia pour renforcer la supply chain, amener de nouveaux acteurs dans l'industrie et augmenter l'intégration locale.

L'objectif est de rendre l’activité des acteurs actuels encore plus compétitive tout en réduisant l'empreinte carbone.

Le récent partenariat entre Figeac et Safran en est un exemple de renforcement de la valeur ajoutée locale. Il s'agira d'installer de nouveaux équipements de haute technologie qui n’existent que dans 5 pays à travers le monde.

Quelles sont les grandes priorités de la feuille de route de l'aéronautique pour l'année 2023?

Nous œuvrons conjointement avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, et le ministère chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'évaluation des Politiques publiques, pour la transition à ce que nous pourrions appeler la phase II de l'aéronautique.

Lors de la première phase qui a débuté il y a une vingtaine d’années, nous avons réussi à attirer un certain nombre d'acteurs internationaux majeurs, et créer une base importante et diversifiée dans différentes activités de haut niveau technologique.

Aujourd'hui, nous travaillons en bonne intelligence avec les différents départements concernés pour passer à la vitesse supérieure et développer de nouveaux écosystèmes.

L'objectif étant d'attirer de nouveaux acteurs de référence internationaux, et diversifier les marchés avec les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Allemagne, pour être davantage présent dans des activités à haute valeur ajoutée.

A travers cette phase II, nous cherchons également à attirer des industries connexes de l’aéronautique comme la défense et la sécurité, et surtout, à réduire l’empreinte carbone de nos activités, à travers l’installation d’équipements sophistiqués et la formation de nos talents à la manipulation des dernières technologies.

Nous ambitionnons, en outre, de poursuivre les efforts d’inclusion de la femme et promouvoir notre capital humain sur le plan de l’emploi. En matière de financement, nos objectifs visent l’ouverture du capital des sociétés majoritairement étranger aux investisseurs marocains.

Comment voyez-vous le développement de l’industrie aéronautique dans les prochaines années?

Je dirai que le Maroc est résolument une base essentielle, incontournable, compétitive et à haute valeur ajoutée dans le domaine de l'aéronautique.
 
Les astres sont plus que jamais alignés pour un développement aussi bien quantitatif que qualitatif de notre industrie. Pour nous l’aéronautique est un chantier de règne. C'est un secteur de souveraineté important qui permet d'insérer notre jeunesse dans la société de la connaissance et notre pays dans l’industrie du futur.